en voiture

Finalement il n'a pas plu sur la route.  A peine deux, trois gouttes.  Le soleil est sorti et a éclairé quelques pics des Pyrénées au loin, cachés dans les nuages.  Je montre à Lylla :   "..là-bas, montagne, joli, joli..."    Bouche ouverte, elle hoche la tête. Tout baigne dans une lumière ensorcellante...   "Regarde, là, un oiseau... des moutons,  les nuages... la lumière orange...  Les couleurs sont magnifiques. Il ne fait pas froid, presque chaud même.  J'ai baissé la fenêtre, on roule, tranquille...
Un moment suspendu entre le départ et l"arrivée.
    

au coeur

           
        il y a
        cette chaleur
        cheminant
        de travers mon être 
        dans le rêve
        à toi....
        pourquoi
        mon âme se sent si soeur
        de ton désarRoi?
                            

Autant

                                    le vent souffle, souffle...
                           et en emmène autant
                           qu'il en emporte
                           ils disent que ce vent rend fou...  
                           dehors tout bouge
                           il faut que je sorte
                           je veux qu'il m'emporte
                         

il pleut.

    il pleut.
   il faut que je change mes essuie-glaces
   c'est usé, ça n'essuie plus rien
   ça part en miettes
   tout part en miettes
   je n'y vois plus rien
   et ça manque de tout...
   dehors le monde s'affaire
   tout le monde a un tas de choses à faire
   et moi j'en suis 
   toujours là
   à juste être, 
   soulagée de ne plus être
   chez lui
   ... j'en reviens pas...  et mes pas
   osent à peine frôler le pas de ma porte.....

en cage

  Quand tous les sons résonnent en dedans,
  la fourchette qui fait cling-clang, contre l'assiette,
  et la salade que je mache,
  et mes pas, flip-flop
  sur le sol, et quand la solitude
  me fait sortir de mon corps
  et que je me regarde vivre...
  quand, indifférent,  je me commente comme dans un livre...
  quand, dans ce vide, chaque geste raisonne trop
  et me balance l'echo de mon existence

comme elles

 J'étais comme elle, comme Claudine;
 j'attendais que ça passe, j'attendais des jours meilleurs.
 Ca a duré des semaines, des mois, des années...
 Mais ils ne sont pas venus.
 Alors, je suis partie. Peut-être fallait-il aller les chercher?
 Il fallait bien au moins trouver la paix... 

 ....et tout recommencer?!
 
 ou bien peut-être vaut-il mieux regarder
 les gouttes de pluie tomber du ciel
 sur les feuilles des arbres  
 et laisser s'envoler ces désirs qui me tiennent
 attachée à mes frustrations
 
 
 J'ai la rage d'aimer et je hais ce trop d'amour

c'est singulier, le pluriel

   Devoir de conjugaison de la bichette :

   " je suis,  tu es,  il/elle est, 
    nous sommes,  vous êtes,  ils/elles sont... "

    Je me souviens comment je me disais, petite :

    ils/elles c'est le pluriel de il/elle,

    vous c'est le pluriel de tu,

    nous c'est le pluriel de je..... 

    ...NOUS, le  pluriel de JE?!

    Est-ce que nous, ce sont plusieurs je 's?   

    Nous sommes,  plusieurs je suis?

    pourtant je ne suis pas ce que nous sommes,

    puisque sans moi vous n'êtes plus nous...

peut-être

    peut-etre qu'on est heureux
     quand on oublie de se poser la question.   
    

printemps

Les merles chantent à coeur joie. Ici on n'entend que ça, et le vent.

Je me rappelle qu'à cet endroit j'emmenais la Bibiche autrefois. Il fallait l'aider, la soulever et la pousser, pourqu'elle aussi puisse jouer à grimper sur la maison en bois, la balançoire, ou sur les premieres marches du toile d'araignier en corde bleue et noire.
Maintenant, elle a 14 ans, on fait le chemin à pied, ensemble à moitié, et c'est seule qu'elle poursuit, avec des petit pas pressés, un peu malàdroite, et mal à gauche, à la cheville.  Je la vois s'éloigner ainsi, puis à distance discrète je la suis, telle une detective, pour être sûre qu'aucun mal ne lui arrive.

Ca y est la voilà à bon port, et son père sort, pour la cueillir.
A 14h30 ça va, il n'est pas encore ivre mort, et moi j'ai 2 heures de loisir. Ca passe très vite: dehors, à marcher, et puis, allongée au soleil, les yeux fermés... à rêver encore, d'évasion et même de fuite. Mais moi je suis grande et Bibiche petite.  Elle n'a pas d'amis, mais quand elle marche dans l'herbe elle évite les marguérites. Puis elle s'arrête aux arbres, caresse les feuilles qui viennent de naître, et y colle un bisou. Elle m'émerveille et m'inquiète. Je voudrais que pour elle le monde soit doux, que ne jamais plus elle souffre.Elle tient mes chaînes et ma raison d'être.

sur la corde raide

                      

Sur la corde tendue, juste devant moi, des fourmies font  leur chemin. Elles passent dans les deux sens, du bateau vers l'arbre, et de l'arbre vers le bateau. Quand elles se croisent, elles se touchent la tête pendant une ou deux secondes : bisou-bisou, bonjour... Parfois elles transportent quelquechose, tantôt dans un sens, tantôt dans l'autre.

Il y en a une qui marche toute seule, direction bateau. Quatre fourmies arrivent en sens inverse, à grande vitesse. Elles se croisent, vite vite, bisou à n°1, bisou à n°2,  ... à  n¨3, non?! Non, pas de bisou à n°3, elle le contourne! .. 4e fourmie, bisou-bisou.

Plus loin, elle croise une autre solitaire. Bisou-bisou, et celle-ci fait demi-tour et la suit ! A toutes les deux elles continuent leur course sur la corde...

Quel étrangeté, l'existence... toute une vie à s'affairer, à aller ou venir, dans quel sens, dans le non-sens, peu importe... mais surtout, surtout,  ne jamais s'arrêter..

question

 si être captivé est le contraire de s'ennuyer
 c'est qu'être libre nous ennuie? 
   

Pas- chance

                     
                          

          
                      la patience ne sert à rien !
                 pendant qu'on est pa-chiant(e)
                 tous finissent pas se lasser
                 et tout finit par se tasser     
                 patience fige
                 ...et  tempus fugit

à qui le tour

  Comme si la vie était un jeu de l'oie géant...
  Tous y jouent, et moi je regarde,  je les regarde jouer.
  En encourageant de temps à autre les uns et les autres...
  Je suis là, autour de la table avec eux, avec tous, mais je ne joue pas.
  Il manque un pion.
    

un jour de pluie

il pleut il pleut et je suis triste ce jour là  

je ne me souviens plus pourquoi     
quelqu'un me dit
regarde la pluie les gouttes qui tombent sur les feuilles

je lève la tête et vois

d'abord tout le paysage sous la pluie  

puis l'arbustre

puis la branche   

puis une feuille, légèrement pliée à l'endroit du nerf   

les gouttes tombent une à une sur la feuille    

qui se penche un peu sous le poids     

fait couler la goutte jusqu'au bord  

pour tomber par terre     

puis la feuille remonte   

reçoit une nouvelle goutte 

qui coule  

et mes larmes comme la pluie   

arrosent la terre