Rater une relation c'est comme rater un dessin. Si on s'aperçoit dès les premières lignes que ça ne va pas, on peut encore tout gommer et recommencer, ou essayer un autre dessin.
Mais si on a passé des heures à fignoler, si ce dessin dégage qqchose qui vous touche, vous voudriez tellement y arriver, alors vous vous acharnez, un coup de gomme par ci, un coup d'estompe par là ... vous y etes presque.. et plus vous avancez plus c'est dur d'abandonner ce dessin, car vous y avez passé tellement de temps... vous y avez cru, vous étiez sur que vous allez y arriver, à le réussir... Et plus on essaie de rattraper, plus on a du mal à abandonner.... on se dit que tout ce travail ne peut avoir été pour rien....
Pourtant il va falloir tourner la page, et recommencer sur une feuille blanche...
30 avr. 2022
chère Madame Soleil
Chère Madame Soleil,
Quand j'étais petite, en 3 mots la vie c'était : absence, solitude, peur.
Mépris aussi. Ma mère, dépressive, était souvent partie en maison de "repos", et quand elle n'était pas dépressive, elle était une snob intellectuelle qui se voulait artiste, et pour qui ses enfants se devaient d'être des génies. j'étais la 3e, et dernière, et j'étais empotée.
Je vous écris une lettre que vous lirez peut-etre si vous avez le temps...
Et peut-etre me diriez vous si un jour ma solitude prendra fin?
Quand j'étais petite, en 3 mots la vie c'était : absence, solitude, peur.
Mépris aussi. Ma mère, dépressive, était souvent partie en maison de "repos", et quand elle n'était pas dépressive, elle était une snob intellectuelle qui se voulait artiste, et pour qui ses enfants se devaient d'être des génies. j'étais la 3e, et dernière, et j'étais empotée.
L'insulte suprême : toi tu ressemble à ton père; homme qu'elle méprisait également, et qu'elle rabaissait à la moindre occasion.
Oui, ma mère je la préférais dépressive, qu'en forme...
Cet homme, mon père, elle a fini par le quitter. En attendant que le divorce se prononce, elle est allée vivre avec une copine. J'avais environ 8 ou 9 ans. Ca a pris 2 ou 3 ans avant que le juge a décidé que nous allions vivre chez ma mère. Et cette copine.
Cette copine, quand elle m'a connue, elle m'a pris sous son aile. Elle m'a dit, toi, pauvre fille, personne ne s'est jamais occupée de toi, t'as toujours été toute seule depuis toute petite, je vais te donner l'amour qui te manque. Elle m'emmenait en balade, ou on allait manger des gateaux, ou au cinema. Jamais personne n'avait été aussi gentil avec moi. J'ai ressentais enfin une sorte de bonheur, ce bonheur d'être bien avec quelqu'un. D'être appréciée, reconnue dans mes peines et efforts, dans ma solitude, ma personnalité... C'était magique. Je ne la voyais pas souvent, non, mais de temps en temps, elle prenait le temps pour moi, et surtout, elle semblait m'aimer telle que j'étais.
Puis un jour... 2 ou 3 années plus tard, je devais avoir 12, 13 ans, son amour s'est transformé en haine. J'ignore pourquoi, je me souviens que c'était assez soudain, et qu'elle me disait, tu deviens comme tous les autres, tu n'es qu'une égoïste etc.
C'était leur reproche favorite : égoïste. Nous, les enfants, étaions égoïste parce que on ne s'occupaient pas assez d'elles.
C'était leur reproche favorite : égoïste. Nous, les enfants, étaions égoïste parce que on ne s'occupaient pas assez d'elles.
A cette époque, on vivait chez ma mère et elle. Et elle piquait des crises. Pas juste des petites crises de colère, non .... c'était la nuit, je me réveillais par sa voix qui criait criait, des choses qui cassaient, et j'avais peur, tellement peur. Je tremblais sur ton mon corps dans mon lit, car je savais ce qui allait arriver..... elle allait monter les escaliers et venir dans ma chambre... elle le faisait à chaque fois. Elle venait dans ma chambre, criait et hurlait que j'étais méchante et qu'elle avait bien vu que j'étais méchante et elle secouait mon lit et moi. Et ma mère se tenait derrière elle, et lui disait faiblement allez arrêtes, allez viens.
Après, systématiquement, elle partait dehors dans la nuit et ma mere disait qu'il fallait aller la chercher, car elle faisait ces crises en perte de connaissance, et qu'elle pouvait se réveiller sans comprendre où elle était etc.
J'avais 13 et 14 et 15 ans, il était 3h ou 4h du mat, et j'avais peur! Peur d'aller dehors toute seule, de la chercher, et surtout, de la trouver!
Plus tard, bien plus tard, trop tard, on m'a expliqué qu'elle était schizophréne, qu'elle prenait des médocs et qu'elle piquait ces crises parceque elle piccolait du whisky avec ma mère.
Cette personne m'a aimé, reconnue, comme personne. Et ensuite, elle m'a rejetée, haît, comme personne.
Et depuis, à chaque fois qu'il m'arrive cette chose rare de rencontrer quelqu'un qui semble vraiment me comprendre, me reconnaitre, me trouver une valeur... et bien cette personne, un jour, se retourne contre moi, me rejette, se met à me détester, tout comme cette femme.
Pourquoi Madame Soleil?
Car les autres, les quelques autres, qui déjà ne sont pas bien nombreux, mais bon, ceux qui m'apprécient dans la durée, et que j'apprécie beaucoup aussi... mais ces autres, ces autres là, ne sont pas aussi proche... je les adore, mais il y a toujours cette distance qui fait que je reste dans ma solitude, et chacun sa vie, on est contents de se voir, 3 ou 4 fois par an.
Mais cette connexion, cette merveilleuse connexion, où je me sens aimée ET reçue 5 sur 5... Chaque fois que je rencontre quelqu'un comme ça, la meme histoire se répète : un jour, soudainement, cette personne se met à me détester.
Alors, Madame Soleil, ya -t-il une chance encore que je me sorte de ce "karma"?
Ou seront les seules relations qui durent celles qui restent distants? Celles qui me laissent dans ma solitude?
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